Mon dernier traitement n’a pas été mon …


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Mon dernier traitement n’a pas été mon plus beau moment

12 octobre 2017 | par Gabrielle Fecteau

Si quelqu’un te demande : « C’est quoi le plus beau moment de cancer que tu as vécu ? » Que serait ta réponse ?

Mais la réponse n’est-elle pas évidente ?

En tant que survivante du cancer, la meilleure journée de sa vie n’est-elle pas la dernière journée de ses traitements ?

Pour certains, cela peut bien l’être. Mais ce ne le fut pas pour moi.

En fait, cette journée-là fut une des pires journées de cancer pour plusieurs raisons incluant les reproches que je me faisais puisque je ne me sentais pas aussi heureuse que le monde croyait que je devrais être. Jusqu’à ce jour, je me démène avec cette expérience.

Par contre, c’est maintenant le temps de partager mes pensées sur le sujet — juste au cas où ce que j’ai à dire pourrait te donner une paix, te faire comprendre que tu n’es pas seul et que tes pensées sont justifiées.

Dans plusieurs façons, mon cancer était devenu une partie de ma vie quotidienne. J’avais été forcée, quelque sept mois plus tôt, de quitter ma vie dans laquelle j’étais bien, celle que j’aimais et que j’avais choisie pour moi-même. Par contre, même si je n’avais pas choisi ma vie avec mon cancer, j’étais parvenu à aimer la personne que j’étais devenu. La chimiothérapie, les médicaments, les bas et les hauts faisaient maintenant partie de ma routine.

Le 24 décembre 2015, je n’étais pas prête à tout mettre derrière moi.

Je me rappelle clairement de mon sentiment de terreur qui m’était prise au moment où mon infirmière en oncologie a enlevé ma dernière intraveineuse de chimiothérapie — tant que j’étais certaine de ne jamais manquer le gout terrible des médicaments — et, tel fut les instructions de mon oncologue, ma PICC line. Le processus me semblait si final. Mon « normal » devait, une fois de plus, être dramatiquement modifié.

En fin de compte, j’ai perdu au moment que mes traitements se sont terminés, soit dans l’espace de quelques heures, ma nouvelle identité. Une seconde, tu es un survivant actif en traitement de cancer. Tu es un maintenant un survivant en posttraitement. J’ai été forcé, du moment de ce dernier traitement de me trouver une façon de créer pour moi-même une nouvelle vie « normale » dans un moment où je me sentais comme tout et rien du tout n’était « normal ».

Ce sentiment fut amplifié par cette prochaine idée, souvent le concept que la plupart ont plus de difficultés à comprendre, la fin de ses traitements de cancer n’est pas synonyme à la fin de son cancer lui-même. Je m’étais convaincu pour la plupart des six mois de traitements de chimiothérapie bihebdomadaires qu’une fois mon dernier traitement fini le 24 décembre 2015, je sortirais de la salle d’oncologie une femme libre.

Et puis, lorsque cette journée magique est arrivée, j’ai faite face à l’exact contraire. J’ai marché hors de la salle d’oncologie avec un fardeau si différent, mais tout aussi présent. Cette nouvelle charge, j’étais la seule à l’avoir acquise.

Je me suis senti cette journée-là, en se préparant pour les fêtes, que pour tout le monde, cette journée si iconique signifiait la fin de mon cancer. Pour moi, elle semblait être la première journée de beaucoup de frustrations et d’isolation. Mon cancer devenait une force invisible dans ma vie.

Une force invisible tant au niveau physique — je ne serais pas capable d’atteindre les standards physiques de santé voulue jusqu’à plus tard cette année-là — et psychologique — je continue à combattre les problèmes psychologiques et les changements apportés par le fait que j’étais maintenant « normale ».

J’ai tenté plusieurs fois après cette journée-là de mettre un terme définitif à mon cancer. Je voulais créer une journée dans ma vie où je me sentirais comme si mon cancer était définitivement terminé. J’ai essayé à la marque de deux semaines après mon dernier traitement de chimiothérapie, lors de mon déménagement à Ottawa, lorsque j’ai reçu mon statut de rémission, etc. Il va sans dire que je comprends maintenant que cette journée n’existe que dans mes fantaisies les plus utopiques. Mais c’est correct avec moi.

Quand j’ai arrêté de devoir faire de ma dernière journée de traitement ma plus belle mémoire de ma vie avec mon cancer et que j’ai bloqué le besoin de tous que je considère cette journée comme magique, j’ai pu me concentrer sur mes mémoires de mon cancer qui étaient réellement merveilleuses. J’ai réalisé qu’un si grand nombre de mes mémoires m’apportait de la joie au lieu de l’anxiété que je devais m’arrêter sur les premières.

Mes plus belles mémoires de mon cancer – les quelques heures de qualité passé avec mes parents à mes traitements de chimiothérapie, la journée que j’ai rencontré la plus inspirante des survivantes du cancer, mon entêtement vis-à-vis vivre ma vie à son plein potentiel, ma première journée de classes à l’université locale, me sentir belle et en vie. Celles-ci, et plusieurs autres de mes mémoires, me font sourire. Elles sont les mémoires qui méritent toute mon attention.

Plusieurs sourires,

Gabrielle


Identity






Je suis une jeune adulte survivante du cancer. Je navigue, depuis plus que 2 ans, les différents stades de la vie avec mon cancer. Comme je le répète toujours à mon cancer: "Tu m'as donné une raison." C'est mon message de positivité et de courage profond que je veux partager avec vous. 





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