Il est toujours intéressant de voir ce que la vie nous réserve. Je ne croyais certainement pas que j’allais être plus tard une thérapeute du sexe et de couples. J’ai eu le privilège, durant 25 ans, de conseiller des individus, des couples et des familles dans des hôpitaux et des programmes de protection de l’enfance et d’aide aux employés et, en 2007, j’ai ouvert un cabinet privé spécialisé en thérapie de couples. Cependant, je n’étais pas particulièrement à l’aise ou au courant pour parler de problèmes sexuels avec les couples. J’ai décidé que si je voulais être une bonne thérapeute de couples, je devais avoir une plus grande confiance et leur demander de parler de leur vie sexuelle. Je me suis donc lancée dans l’apprentissage de la thérapie sexuelle.
J’ai eu plusieurs professeurs au cours de mon apprentissage et j’ai eu la chance d’apprendre aux côtés du Dr John Lamont, gynécologue à la clinique de médecine sexuelle située près du Juravinski Regional Cancer Center à Hamilton, en Ontario. J’y ai rencontré plusieurs femmes qui avaient eu un cancer du sein, gynécologique ou autre; elles ont partagé leur expérience personnelle avec moi et elles ont parlé franchement, quelques-unes pour la première fois, de l’impact qu’avait eu leur traitement anticancer sur leur sexualité, leur image de soi, leurs relations et leur fonction sexuelle. D’une histoire à l’autre, je découvrais un thème récurrent : j’ai compris que le fait de « ne pas parler » de ses problèmes sexuels était en soi un problème, un problème qui va au-delà des effets physiques des traitements contre le cancer.
Lorsque j’ai terminé mon apprentissage avec le Dr Lamont, je me suis juré de faire une différence dans le domaine de la santé sexuelle durant et après les traitements contre le cancer. Faceaucancer.ca reconnaît également cet important aspect de la qualité de vie et ensemble, nous nous engageons à ouvrir le dialogue, éliminer les tabous et valider les sentiments des femmes par rapport à leur santé sexuelle. Ensemble, nous souhaitons éduquer et encourager les femmes à parler ouvertement de leurs soucis sur le plan sexuel avec leurs médecins, leurs infirmières, leurs travailleurs sociaux et surtout leur partenaire (avec qui elles vivent une relation).
Le message principal de notre blogue s’adresse à celles qui souffrent probablement et qui recherchent de l’aide : vous n’êtes pas seule! Vous pouvez obtenir de l’aide et retrouver une saine fonction sexuelle. L’objectif de notre blogue est de vous fournir les renseignements, les outils et les ressources qui vous aideront à trouver l’aide à laquelle vous avez droit.
Dans nos prochaines communications, nous explorerons les problèmes auxquels font face plusieurs femmes durant et après leurs traitements anticancer puisque ces problèmes ont un impact sur leur intimité. Et nous offrirons des solutions. Mais avant d’approfondir les sujets de rapports sexuels et d’intimité, je crois utile de définir ce que j’entends par sexualité, intimité, fonction sexuelle et trouble sexuel :
La sexualité fait référence aux façons dont nous nous définissons comme êtres sexuels; comment nous vivons et comment nous nous exprimons comme femme ou comme homme et comment nous sommes perçus par les gens. C’est une facette importante de l’être humain et de la vie. La sexualité ne se résume pas au rapport sexuel lui-même.
Le mot intimité est souvent assimilé aux rapports sexuels, mais plusieurs d’entre nous avons des relations intimes avec des gens sans que cela implique des rapports sexuels. Vivre de l’intimité, c’est être vulnérable et partager des pensées, des sentiments, des espoirs et des rêves très privés. Lorsque nous nous sentons suffisamment sûres de soi pour partager et interagir sur ce plan, d’une façon émotivement appropriée avec un autre être humain, nous créons un environnement qui favorise l’intimité.
La fonction sexuelle est définie par le cycle de réponse sexuelle : le désir, l’excitation, l’orgasme et la satisfaction. Le cycle de réponse sexuelle dépend de quatre facteurs interdépendants : physique, psychologique, interrelationnel et socioculturel.
Le trouble sexuel définit toute déficience dans une ou plusieurs phases du cycle de réponse sexuelle : le désir, l’excitation, l’orgasme et la satisfaction.
S’il n’existe aucun problème significatif dans l’interaction entre l’esprit (psychologique), le corps (biologique) et le couple (problèmes interrelationnels ou sociaux), la santé et la fonction sexuelles seront positives, tout comme la sexualité.
En contrepartie, s’il existe un problème avec un ou plusieurs de ces trois facteurs biopsychosociaux, un trouble sexuel peut en découler.
Nous savons qu’entre 40 et 100 % des gens qui ont reçu un diagnostic de cancer connaîtront à un certain moment de leur expérience de cancer, que ce soit durant ou après le traitement, un changement dans leur fonction sexuelle. Bien que ce soit temporaire et qu’un ou plusieurs facteurs contribuent au changement, il reste qu’un grand nombre de personnes vivront un changement de leur fonction sexuelle.
Dans mon prochain billet, mes collègues médicaux Dr Kelford et Dr Lamont parleront des effets psychologiques et biologiques qui peuvent être engendrés par la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et les médicaments contre le cancer et la façon dont ces interventions peuvent avoir un impact sur la sexualité et la fonction sexuelle.
– Lisa Skelding