Aller de l’avant, avec un regard vers l…


Aller de l’avant, avec un regard vers l’arrière

16 février 2017 | par Catherine Brunelle

 

Il y a quelque temps, j’ai écrit un blogue sur l’idée d’aller de l’avant. Le concept est de poursuivre un but et de se placer à l’avant, là où sont les opportunités. Mais qu’est-ce que cela veut dire lorsqu’on a un cancer? Que veut dire « aller de l’avant »? Il y a eu plusieurs commentaires intéressants au sujet du billet. Tout le monde semblait d’accord que lorsqu’on reçoit un diagnostic de cancer, aller de l’avant s’applique plus à la qualité de vie qu’à la qualité du travail. Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai beaucoup d’idées. Personnellement, je veux continuer de travailler, continuer de créer, mais est-ce que je veux m’engager dans un contrat? Je ne sais pas. Comment peut-on s’engager envers quelque chose quand on ne sait pas ce que nous réserve chaque mois?

 

Le jour où j’ai reçu un diagnostic de cancer récurrent – un inquiétant stade 4 – c’était la première fois que le mot « invalidité » était mentionné. L’oncologue, le Dr Canada comme je l’appelais à l’occasion, a dit qu’il s’adresserait à un travailleur social qui pourrait m’informer au sujet de soins pour invalidité.

 

Invalidité? me suis-je dit. Pourquoi aurais-je besoin de cela?

 

J’ai rapidement compris la raison pour laquelle les gens ont besoin de soins pour invalidité lorsqu’ils reçoivent un diagnostic de cancer métastatique. Sans compter les raisons évidentes comme la douleur (cela peut arriver, malheureusement), les traitements et autres choses, il y a les séquelles émotives du cancer, qu’on appelle les blues du cancer.

 

Je me suis rendue dans un centre de traitement gratuit où j’ai rencontré une dame qui avait reçu le même diagnostic que moi, à peu près au même moment. Cependant, elle était visiblement différente. Elle pouvait à peine lever la tête, articuler quelques mots, et faire face à sa journée. Elle était profondément dépressive. Tellement, qu’elle avait dû quitter son emploi plus rapidement. Il était devenu impossible pour elle de travailler.

 

La bonne nouvelle, c’est qu’au cours des mois suivants, je l’ai vue sourire, se détendre et se rétablir. Mais elle a dû travailler fort. Elle travaillait réellement fort. Elle allait de l’avant vers son bien-être, et je pouvais voir le fruit de ses efforts. 

 

Entre-temps, je luttais de mon côté. Je luttais pour donner du sens à la folie d’un diagnostic qu’on croit chose du passé. Et aussi, j’essayais de donner un sens à ma propre vie : je ne pratiquais pas un métier qui m’aurait permis de prendre ma retraite tôt, je n’avais pas changé le monde, je n’avais pas encore atteint un rythme de croisière dans ma carrière, et tout en moi me poussait à continuer, à ne pas cesser de créer. Mon mari et moi étions/sommes des entrepreneurs, et je ne pense pas que nous avions le choix de ralentir. J’avais plutôt l’impression qu’il fallait continuer d’aller de l’avant, parce que la vie serait alors normale. Et je resterais moi-même.

 

Donc, dans un certain sens, je suis allée de l’avant.

 

Je suis allée de l’avant en travaillant à temps partiel, en acceptant de nouveaux projets, en voyageant et en m’amusant.

 

Et puis, un jour, j’ai reçu une offre d’emploi, une offre à temps plein de prendre en main des projets et les mener à bien. Et j’ai décidé d’accepter, de signer un contrat, même si une autre échographie m’attendait. Il y aura toujours une échographie qui m’attendra. J’ai peur de devenir terriblement malade, mais j’ai également peur de dire non à une offre pour la simple raison que je vis avec une maladie qui évolue.

 

De toute façon, ce n’est jamais facile de travailler à temps plein et de combattre un cancer. Mais je dois avouer que c’est réellement satisfaisant de travailler et de s’engager à faire quelque chose qui n’est pas relié au cancer. Et je trouve également très gratifiant de sentir que j’accepte tout ce qui est nouveau dans mon emploi.  ET c’est vraiment incroyable de voir à quel point j’ai avancé dans ma carrière. En allant de l’avant, les regrets n’ont pas leur place. C’était la bonne décision d’accepter cet emploi. Même si, à certains moments, je suis fatiguée. Mais qui n’est pas fatigué de temps en temps? Et qui a dit qu’il était facile de faire les bonnes choses?

 

Je crois qu’on a toutes notre propre définition de ce que veut dire « aller de l’avant ». Dans mon cas, c’était simplement de dire oui, malgré les peurs.


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