Les gens pensent souvent que l'on cesse de penser au cancer le jour où l'on est en rémission. Bien au contraire, le cancer peut avoir un impact sur votre vie pendant de nombreuses années. Des examens médicaux, au fait de retenir sa respiration jusqu'à ce que l'on entende une variation de "tout est clair", le cancer peut vivre dans votre tête bien longtemps après le diagnostic initial.
Sauf qu'un jour, je n'ai pas entendu ces deux mots rassurants. L'année dernière, après avoir été diagnostiquée quinze ans plus tôt, j'étais à nouveau confrontée au cancer du sein. Après m'être offert le luxe de vivre ma vie librement et de ne pas laisser le cancer prendre le devant de la scène, j'avais à nouveau le sentiment que le cancer passait avant tout. Après que le choc initial et la surprise se soient dissipés, j'ai commencé à me demander : "ok, et maintenant ? Ce qui est différent lorsque l’on reçoit un second diagnostic, c'est que non seulement je savais à quoi m'attendre, mais ma famille aussi. Que vous le vouliez ou non, vous vous préoccupez pour vos proches qui sont aussi, indirectement, confrontés au cancer. Comme toutes les mères et les personnes qui prennent soin des autres, je m'inquiétais pour ma fille, mon mari et ma famille, de la façon dont ils géraient le stress et s'ils étaient inquiets pour moi. Je faisais de mon mieux pour qu'ils aient une vie aussi normale que possible, même en dépit du cancer.
Bien que cela ait été possible au début, il est devenu de plus en plus difficile de jongler avec ma carrière, ma vie de famille, le cancer et mon bien-être mental et émotionnel. Une fois que les effets du cancer liés à l'apparence - notamment la perte de cheveux et les cernes - ont fait surface, il est devenu plus difficile de ne pas faire du cancer un point central de ma vie quotidienne. Que nous voulions l'admettre ou non, notre apparence nous affecte beaucoup. Il était difficile d'admettre que le cancer n'était qu'un seul aspect de ma vie ; j'avais l'impression qu'il prenait le dessus et devenait tout ce que les gens pouvaient voir de moi. Il m'est même arrivé de regarder dans le miroir sans même reconnaître la personne qui me regardait en retour. Ce moment peut être l'un des plus difficiles lorsque l’on a le cancer. C'est une facette importante dont nous ne parlons pas assez, car cela ne concernait pas seulement mon apparence, mais également l’impact que ça a eu sur ma santé mentale.
Heureusement, je me suis souvenue des ateliers Belle et bien dans sa peau dont une infirmière m’avait parlé quinze ans plus tôt. Certes, assister à un atelier n'avait alors pas été une priorité, car j'étais tellement bouleversée par le cancer la première fois. Mais, après quelques mois, j'avais décidé de faire passer mon bien-être et ma santé avant tout et de participer à un atelier. J'avais passé un très bon moment à me concentrer sur autre chose que les aspects médicaux du cancer. J'avais même emmené ma sœur, qui s'était aussi beaucoup amusée.
À une époque de distanciation sociale, où les femmes atteintes d'un cancer n'ont peut-être pas les mêmes soutiens qu'avant le COVID, je pense que la participation à un atelier en ligne peut être une force positive. D'après ma propre expérience, le simple fait de pouvoir voir et entendre d'autres personnes qui sont confrontées à des problèmes similaires a réaffirmé que je n'étais pas seule à vivre cette expérience. J'ai appris, entre autres choses, qu'un simple rouge à lèvres coloré peut suffire à égayer votre humeur parce que vous pouvez à nouveau voir au-delà du cancer. Cela vous ramène à vous-même.
Pour tous ceux qui essaient de tenir bon pour leurs proches tout en faisant face au cancer, je vous encourage à prendre du temps pour vous et à participer à un atelier en ligne. Parfois, la meilleure façon d'être là pour les autres est d'être d'abord là pour soi-même.