Les meilleurs et les pires moments : le…


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Les meilleurs et les pires moments : le cancer en temps de pandémie

21 mars 2023 | par Tania Amardeil

Il se passait tant de choses quand j’ai appris mon diagnostic. Le monde entier souffrait beaucoup. J’ai commencé à avoir des symptômes étranges au tout début de la pandémie. Les gens étaient en confinement partout. Je sentais que quelque chose n’allait pas dans mon sein, mais j’étais en déni – puis je trouvais déjà que nous devions tous composer avant tant d’éléments. Je ne voulais pas causer encore plus d’émoi.

Bien avant d’être diagnostiquée, j’avais déjà une relation compliquée avec le cancer. Ma mère a eu un cancer du sein à 35 ans et est décédée à 40. J’avais alors 16 ans et, étant l’aînée de ses trois enfants, on s’attendait à ce que je m’occupe de mes jeunes frères. Quelques décennies plus tard, mon père est décédé lui aussi d’un cancer. Et, entre les deux, j’ai perdu plusieurs personnes – tantes, voisins et parents d’amis. Quand j’entends le mot « cancer », je me dis « oh non, cela ne finit jamais bien dans notre famille ».

Quand j’ai finalement appelé pour prendre rendez-vous avec mon médecin, j’ai dû attendre longtemps avant de le voir. Les médecins étaient surchargés et tout était prolongé. J’ai commencé à paniquer, car les mois passaient. De plus en plus, je sentais qu’il fallait que je prenne les choses en main, mais je ne savais pas comment faire et qui contourner. Je vivais une vraie lutte intérieure. Tout le monde avait ses épreuves, et je me disais que je devais vivre la mienne en silence. Enfin, un an après mes premiers symptômes, j’ai pu passer les examens nécessaires et j’ai reçu la réponse redoutée – j’avais un cancer du sein.

J’ai subi une mastectomie bilatérale avec reconstruction, suivie d’une hormonothérapie et de 25 séances de radiothérapie. Les défis et effets secondaires ont été nombreux, mais je les ai surmontés.

D’une certaine façon, j’ai vécu les meilleurs et les pires moments. Les pires sont évidents : le cancer est aliénant et la COVID n’a fait que compliquer les choses, les ralentir et m’obliger à subir les traitements dans la solitude. Mais c’était aussi le meilleur moment parce que je me trouvais en « hibernation » en même temps que le reste de la planète. Tout le monde travaillait de la maison. Mes enfants, tous deux dans la vingtaine, sont également venus rester à la maison. Mon mari et mes enfants m’ont prodigué des soins 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Je n’aurais jamais eu cela si ce n’était de la COVID. Ce temps passé ensemble a été très spécial. J’ai pu par ailleurs me rétablir sans recevoir de nombreuses visites et, comme les gens partout dans le monde, je restais tranquillement chez moi sans toutes les obligations habituelles, et sans culpabilité. Tout le monde surmontait quelque chose et vivait un sentiment d’isolement. 

La COVID a eu des effets positifs : j’ai pu, par exemple, participer à un atelier de soins de la peau Belle et bien dans sa peau de chez moi. Je ne crois pas que j’aurais eu l’énergie ou le courage de me rendre dans une pièce remplie d’inconnues pour suivre un atelier. Mais de le faire virtuellement a été libérateur.

J’ai toujours été, dès mon enfance, celle qui prodigue des soins, celle qui est la plus forte. C’était donc tout un revirement d’être celle qui reçoit les soins. « C’est à ton tour, on s’occupe de tout, tu peux compter sur nous », me disait ma famille. Et cela voulait tout dire pour moi. La COVID nous a permis de nous réunir dans le cocon familial. Je suis si reconnaissante de bénéficier d’un merveilleux soutien. Mes amis se sont également manifestés. J’ai une voisine qui, après une bordée de neige, a formé un cœur en marchant dans notre stationnement. Ensuite, elle m’a textée pour dire « regarde par ta fenêtre ». Les petites choses ont parfois un effet très significatif. Et les événements les plus sombres peuvent se traduire en moments tout à fait lumineux.


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