L’amour au sein de soi


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L’amour au sein de soi

1 octobre 2021 | par Andrea Johnson

J’ai survécu à deux cancers du sein. Je ne savais pas à l’époque que le vrai défi ne serait pas de me remettre de mes blessures physiques, mais plutôt de mes blessures émotionnelles. Ce n’est qu’au moment où je croyais avoir complètement perdu ma féminité que j’ai finalement pu la reconquérir et embrasser l’intimité sexuelle que j’avais gardée cachée.

 

Deux fois par semaine, j’emmenais mes filles nager à la piscine. C’était pour nous des moments spéciaux où nous pouvions nous amuser et où je pouvais leur partager quelque chose que j’aimais tant. Un soir, alors que je bouclais ma petite de 4 ans dans son siège voiture, elle s’est retournée et m’a dit : « Plus de t-shirt, maman ». Quand je lui ai demandé ce qu’elle voulait dire, elle m’a répondu : « Tu n’es plus malade ».

 

Je venais tout juste d’avoir ma deuxième mastectomie et je portais un t-shirt au-dessus de mon maillot de bains pour couvrir mon corps irrégulier. Je me rappelle avoir pensé que ceci était une preuve de compréhension énorme de la part de ma fille, mais je me rends compte maintenant que son commentaire représentait bien plus. Aujourd’hui, je sais que c’était une réflexion symbolique de mon combat envers ma propre féminité.

 

J’ai eu mon premier diagnostic du cancer du sein alors que j’avais 30 ans. Mes filles avaient 4 ans et 2 ans, et cela ne faisait que 6 mois que leur père et moi nous étions séparés. À l’approche de ma première chirurgie, il était évident pour moi que je devais à tout prix montrer à mes filles, dans chaque action et chaque mot, que je me battrais contre ce qui tentait de me faire du mal.

 

Ma première chirurgie a révélé que le cancer s’était répandu beaucoup plus que les docteurs avaient anticipé. J’ai dû alors décider si je voulais procéder à une mastectomie. Je n’ai pas hésité. Je voulais bénéficier de tous les traitements qui m’étaient disponibles. Je me comptais chanceuses, puisque je n’ai jamais associé ma féminité à mes seins : j’ai toujours eu un « petite » poitrine. De plus, leur utilité était arrivée à sa fin. J’avais allaité mes filles et ce cycle s’était terminé.

 

Je voulais me battre et passer à autres choses. Et pourtant, après ma victoire contre ce premier cancer, j’ai été diagnostiqué de nouveau deux ans plus tard. Le seul moment où je me souviens m’être arrêté pour réfléchir aux effets de tous ces changements dévastateurs sur mon corps était lorsque j’ai dû décider si je voulais procéder à une chirurgie reconstructive. J’ai décidé d’aller de l’avant avec la chirurgie, non-seulement pour moi, mais pour mes filles aussi. Je voulais qu’elles voient leur mère comme étant une femme forte et féminine, aussi «  normale » que possible. Je ne voulais pas qu’elles aient peur de leur propre corps. Malgré mes efforts pour paraître féminine, je sentais que j’avais perdu ma féminité en cours de chemin.

 

Après plusieurs années, j’ai commencé à m’apercevoir que mon désir acharné de paraître « normale » m’empêchait d’aller de l’avant. J’ai commencé à remarquer que si une nouvelle relation n’aboutissait à rien, je l’attribuais à mon corps et, conséquemment, à ma féminité. J’ai commencé à blâmer mon corps pour mes échecs en amour et mes défis sexuels. J’ai commencé à réaliser que si je ne pouvais pas être honnête et authentique, je ne pourrais jamais atteindre une vraie intimité avec qui que ce soit. Cela signifiait également que je devais apprendre à être vulnérable. Pour ce faire, il fallait que je voie finalement mon corps comme étant non-pas un champ de bataille, mais celui d’une femme attirante, sexy, capable de plaire et de se laisser plaire. Il était clair que je devais enlever mon t-shirt et croire en ma beauté.

 

La veille de ma première chirurgie, il y a déjà 17 ans, je m’étais promis que j’organiserais une fête le soir avant chacune de mes futures chirurgies. J’inviterais ma famille, ainsi que mes amies et amis proches. Aujourd’hui, je suis contente de m’être fait cette promesse parce qu’après 11 « boobie parties », ces fêtes sont devenues un pilier important dans mon processus de guérison et un rappel important pour mes filles qu’elles ont une armée de gens qui les appuient autour d’elles. Lors de la dernière fête, j’ai offert en cadeau des caches-tétons à tout le monde. Très vite, toutes les femmes et tous les hommes à la fête les portaient. Ce qui avait de plus frappant, c’est que tout le monde les portait avec fierté et sourire. Les insécurités physiques de chacun avaient disparu et avait fait place à une véritable célébration.

 

Aujourd’hui, au lieu de m’excuser pour l’apparence de mon corps ou de cacher sa féminité, je choisis d’aimer mon corps et de le célébrer. Je sais maintenant que mes chirurgies ne m’ont pas rendu moins féminine. En fait, elles ont eu l’effet contraire, parce que cette nouvelle féminité redéfinie m’a permis de redécouvrir la chaleur et la magie de l’intimité pure.  Je porte maintenance ce que je veux, parfois avec des pompons, parfois avec de la dentelle. J’ai rencontré l’amour de ma vie et je ne me suis jamais senti aussi attirante. Ma fille avait raison, il y a 15 ans. J’avais simplement besoin de plus de temps pour me rendre compte que je n’étais plus malade.

 

Andrea Johnson est une chef d’entreprise, une conférencière, une conteuse et une activiste communautaire passionnée. Elle est la fondatrice et directrice de Appeeling, une marque qui célèbre les corps de chacun avec des cache-tétons amusants et coquins qui sont parfaits pour tous les corps. Visitez www.beappeeling.com pour en apprendre davantage.









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