Le vent dans mes cheveux : un moment de pure joie
Il y a quelques mois, ma mère a pris la parole afin de raconter notre histoire. Elle a parlé à un groupe de femmes francophones de la région pour expliquer pourquoi elle a amené le programme Belle et bien dans sa peau dans ma ville natale, Timmins, Ontario. Elle a parlé du programme ainsi que son expérience en tant que proche aidant sa fille, moi-même.
Elle a raconté un de ses moments préférés.
Puisqu’il était impossible pour moi de participer à l’évènement, j’ai lu son discours assis dans mon appartement, un soir. En lisant ses mots, j’ai tout de suite été transporté à des moments pendant mes journées de traitement contre le cancer. Elle raconte la première fois que j’ai senti le vent dans mes cheveux après les avoirs perdus.
C’était un matin d’automne vers 7 heures. J’étais déterminée à aller magasiner avant mon traitement de chimiothérapie. C’était le Vendredi Noir. Un magasin annonçait des chandails de Noël à prix réduit - un de ceux que j'étais déterminé à porter lors de mon dernier jour de chimiothérapie.
En sortant de l’auto, ma mère explique qu’elle fut perplexe par mon excitation. Je pointais mes cheveux en faisant le plus gros des sourires.
« Regarde Maman! Regarde! »
Je lui montrais, avec beaucoup d’excitation, que mes cheveux dansaient dans le vent. Elle dit avoir vu en moi une expression de fierté, celle dû au fait que mes cheveux étaient assez longs pour bouger avec le vent. Je me rappelle également l’immense sentiment de joie que j’ai ressenti à ce moment.
Ma mère, en s’adressant la foule, explique alors que ce moment lui rappelle qu’il est nécessaire d’apprécier les petites choses de la vie. Ce que la plupart d’entre nous prenons pour acquis s’est avéré être un cadeau précieux de joie.
J’ai passé des mois avant ce moment-là, frustrée parce que je n’avais pas de cheveux. J’adorais ne pas avoir de cheveux, vraiment! Néanmoins, les perdre a été frustrant et « injuste. » À la suite de ce moment de joie, j’ai recommencé à avoir des sentiments négatifs et à me plaindre pendant la repousse de mes cheveux.
Entendre ma mère raconter ce moment m’a fait réfléchir. Est-ce que ce process aurait été plus facile si j’avais su apprécier ces moments de joie? Évidemment, je me rappelle certaines étapes importantes dans le processus de repousse de mes cheveux:
La première fois que j’ai remarqué mes cheveux dans mon visage.
La première fois que j’ai pu tresser mes cheveux.
La première fois que j’ai pu faire une couette au style de « Pépite Pierrafeu ».
La première fois que je suis retournée chez le coiffeur
Aucun de ses moments ne vaut la première fois que j’ai senti le vent dans mes cheveux.
Je crois que l’élément clé qui a fait de ce souvenir une pensée si belle fut ma capacité à vivre le moment présent. Après avoir fait ce constat, je me suis tourné vers ces méthodes pour « apprécier les petites choses » et être complètement présente, dans l'espoir de reproduire ce sentiment de joie immense:
La méditation est un bon outil pour apprendre la pleine conscience et l’art de vivre dans le moment présent. Je pratique la méditation de plus en plus souvent pour voir des bénéfices dans ma vie quotidienne.
Réduire les distractions facilite le processus qui amène à être présent et joyeux à un moment particulier. Je peux être la première à admettre que je suis souvent sur mon téléphone cellulaire à écouter de la musique ou répondre à des textes ou finir un article quand je suis sortie. Je trouve que mettre tout ça de côté me permet de profiter plus des petits moments de joies.
La gratitude est une pratique ancrée en moi. Ça fait quelques années que je documente ce qui me rend reconnaissante. Cela m’a aidé à cultiver une pratique et à bâtir un style de vie dont la base est ces moments de joie.
Ultimement, je me rappelle d’être. Tout simplement être.
Plusieurs sourires,
Gabrielle
Soar Above Cancer