Quand j’ai appris que j’avais une stéatose hépatique, une cirrhose et une tumeur au foie, j’ai eu peine à le croire. Je me sentais pourtant bien – aucun effet négatif du tout! Mes médecins m’ont tout de même prescrit une chirurgie et une chimiothérapie, puis ils m’ont mis sur une liste d’attente pour une greffe. « Pourquoi moi? », me demandais-je. Mon dernier verre remontait à des années, à l’occasion d’un mariage. Le mot « greffe » ne m’était jamais venu à l’esprit, même lorsque je m’imaginais vieille et mourante. Mais voilà qu’à 62 ans, je me retrouvais sur une liste d’attente pour une greffe.
Le deuil comprend plusieurs étapes et l’une d’elles est l’acceptation. Quand j’ai finalement reçu un appel, en décembre dernier, pour m’informer qu’on avait un foie pour moi, je n’ai pas eu peur. J’ai plutôt senti que ce qui devait arriver arriverait. J’avais rédigé une lettre à chacun de mes enfants, au cas où.
J’ai reçu l’appel le 20 décembre, juste avant Noël. Je me suis rendue à l’hôpital le jour même et le 21 décembre, l’opération était faite. On m’a gardée à l’hôpital pendant 16 jours, et quand je suis retournée chez moi au début de janvier, tout était terminé, Noël, le jour de l’An… J’ai manqué toute la période des Fêtes. Tout le monde me disait : « Tu as reçu le plus beau cadeau, un nouveau foie. » N’allez pas croire que je n’étais pas reconnaissante, au contraire, je l’étais. Mais les gens ne sont pas conscients de tout ce qui se passe quand on attend. J’étais sur une liste d’attente depuis 13 mois. D’une certaine manière, tout a été si imprévisible, si soudain.
Maintenant, je me sens bien. Je prends environ 30 pilules par jour, mais je me sens vraiment bien – super bien, même. Je suis en congé de travail jusqu’à l’été et me concentre sur mon rétablissement. J’ai trois enfants, cinq petits-enfants et un autre est en chemin. Je suis enthousiaste à l’idée de passer du temps avec le nouveau bébé. Et j’ai hâte que mes cheveux allongent davantage. Ils poussent lentement et de façon inégale. Ils sont dressés sur ma tête – j’ai l’impression d’être un porc-épic.
Pendant mon traitement, j’ai perdu beaucoup de cheveux – ils tombaient partout, et par plaques. J’ai dû les raser. Après, toutefois, j’avais du mal à me regarder dans le miroir. L’allure de mon crâne chauve me perturbait tellement. L’hôpital avait un petit centre de prothèses capillaires et des bonnets, et c’est là où j’ai découvert Belle et bien dans sa peau (BBDSP).
L’atelier BBDSP et la trousse de produits reçue par la poste ont changé toute ma perception de moi-même. J’ai eu envie de soigner mon apparence. J’ai commencé à porter des boucles d’oreilles et à me maquiller pour mettre en valeur des traits positifs, comme mes yeux bleus. J’ai appris d’excellentes techniques : l’application des ombres à paupières, où commencer un trait de crayon pour ne pas créer des yeux tombants et comment bien appliquer du fard à joues.
Lors d’une conversation avec mon psychiatre, il a souligné que bien que les médecins traitent la maladie, il est important de considérer la personne dans son ensemble – comment elle se sent et se voit. Je suis tout à fait d’accord. BBDSP est une ressource importante parce qu’elle aide les gens comme moi à se sentir de nouveau normaux. J’ai été une patiente pendant si longtemps – j’ai subi de nombreuses interventions et reçu plusieurs mauvaises nouvelles. Je me suis sentie oubliée, comme si je n’étais plus qu’une maladie, non pas une personne. BBDSP m’a fait sentir de nouveau moi-même, et j’ai eu l’impression de retrouver ma vie. Quand je paraissais mieux, je me sentais mieux. Surtout, j’ai senti que j’étais moi, ou une nouvelle version de moi. Cela a fait toute une différence. Je ne suis pas mon cancer – je suis tellement plus.