Deux diagnostics qui transforment la vi…


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Deux diagnostics qui transforment la vie et une survivante : l’histoire de ma résilience

1 octobre 2024 | par Tania Amardeil

J’avais déjà survécu à un événement qui a changé ma vie à l’âge de 16 ans. C’était le premier jour de l’été. Je venais de terminer mon quatrième secondaire et j’étais enthousiaste à l’idée de faire mon premier saut en parachute. Mais le parachute ne s’est pas déployé, et j’ai fait une chute de plus de 900 mètres. L’impact a causé une lésion à la moelle épinière et, depuis, je suis en fauteuil roulant.

J’ai réussi malgré tout à poursuivre ma vie. Je suis retournée à l’école et j’ai fait des études universitaires. Je me suis mariée et j’ai eu une fille qui est dans la trentaine aujourd’hui. J’ai eu une belle carrière comme enseignante en immersion française. Je me suis également impliquée dans les sports en fauteuil roulant, comme le curling et le vélo manuel. Ma vie était positive et productive.

Je croyais que ma lésion à la moelle épinière allait être le plus grand défi de ma vie. Le cancer ne m’était jamais venu à l’esprit. Je me sentais parfaitement bien. Quand j’ai découvert une bosse, je n’ai pas paniqué. Je subissais des mammographies régulièrement et jamais rien n’avait été détecté. Mais quand l’infirmière m’a appelée pour me dire que « les probabilités que ce soit malin étaient de 97,5 % », tout a changé. J’ai eu l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds encore une fois, exactement comme ce jour, en 1981, quand le parachute n’a pas ouvert.

Mon diagnostic de cancer du sein était un choc. C’était un cancer agressif portant tous ces noms que je n’avais jamais entendus : RE+, PR+ et HER2 négatif. J’ignorais que les types de cancer du sein étaient si nombreux. Et ça me semblait très injuste. Déjà, j’avais passé une grande partie de ma vie à vivre avec une lésion à la moelle épinière – n’était-ce pas assez? N’avais-je pas vécu mon lot de moments traumatisants? En fait, au début, j’étais très inquiète à l’idée de ne pas survivre, car j’avais vu ma mère mourir du cancer. J’étais terrassée.

Ma lésion à la moelle épinière avait changé ma vie, mais le cancer, c’était pire encore. Ce n’était pas seulement brutal physiquement, c’était immense sur le plan émotif. Il envahissait tous les aspects de ma vie, me laissait constamment sur le qui-vive avec cette peur d’une récurrence qui planait en permanence. Et le fait de gérer les complexités des traitements anticancer représentait un vrai défi en raison de ma lésion à la moelle épinière. La table pour la chimiothérapie, par exemple, était trop haute pour moi et je ne pouvais m’y installer seule. J’ai dû exercer des pressions auprès de l’hôpital pour qu’on améliore l’accessibilité.

Au cours de la dernière année, j’ai subi une mastectomie partielle, des traitements de chimiothérapie, de radiothérapie et d’hormonothérapie qui m’ont paru interminables. J’ai vu mes longs cheveux blonds devenir courts et gris avec des boucles typiques de la chimio. Je ne me reconnais toujours pas quand je me regarde dans le miroir. J’ai l’impression d’être une autre personne aujourd’hui, pour toutes sortes de raisons.

Dans ce tourbillon de traitements et de peur, il devenait important de trouver du soutien. Et l’organisation Belle et bien dans sa peau (BBDSP) s’est avérée d’une grande aide. Le soutien des pairs est l’une des grandes méthodologies utilisées pour aider les personnes aux prises avec une lésion à la moelle épinière. Un médecin peut bien sûr vous expliquer la lésion puis la physiothérapie et l’ergothérapie, mais le soutien par les pairs – comme rencontrer quelqu’un qui vit avec la même condition – est souvent plus bénéfique. C’était pareil avec le cancer. Quand j’ai reçu mon diagnostic, aucun de mes amis ou collègues ne traversait cette épreuve. Il n'y avait pas, me semblait-il, de communauté ou de gens à qui je pouvais parler. Aucun membre de ma famille n’avait reçu ce type de diagnostic ou de traitement anticancer. J’ai trouvé un soutien par des pairs dans les ateliers de BBDSP – des pairs qui se réunissent, et des bénévoles qui s’y connaissent en traitement anticancer. Pour moi, plus je rencontre de gens vivant des circonstances similaires, plus l’expérience est facilitée. Je ne suis pas seule. Je fais partie d’une communauté étonnamment grande de femmes qui traversent la même chose. C’est pour ainsi dire un aspect supplémentaire dans le processus de rétablissement.

Les autres éléments qui m’ont aidée dans mon rétablissement et mon approche holistique au traitement sont mes activités en communauté et les voyages. Je suis consciente de ma mortalité d’une manière nouvelle maintenant. Je ne remets plus les choses. Le cancer m’a appris à vivre chaque jour avec intention et gratitude, et à embrasser pleinement chaque moment.









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